Si vous visitez l’exposition « Rose, Rose, Rose à mes yeux. James Ensor et la nature morte en Belgique de 1830 à 1930 », encore ouverte jusqu’au 14 avril prochain, au Mu.ZEE à Ostende.

Vous allez entreprendre un voyage unique au travers de l’histoire de la nature morte en Belgique du 19e au 20e siècles, avec James Ensor comme guide. Ce voyage vous guidera et vous pourrez découvrir toute l’importance de la nature et plus particulièrement des fleurs pour de nombreux peintres ainsi que pour leurs clients et/ou admirateurs.

Le genre décoratif d’importance artistique.

La nature morte, qui était devenue un genre décoratif sans contenu, ni importance artistique au début du XIXe siècle, a été réévaluée artistiquement au cours du siècle suivant ; en la monumentalisation, en animant l’image, en adoptant l’exotisme, ou en l’intégrant dans un intérieur. À cet égard, le travail d’Ensor est très inventif. Sa longue carrière a eu une influence artistique importante sur de nombreux artistes de 1880 jusqu’au modernisme.

Couleur et nuances, mais aussi expression de sentiments

Ensor met donc également à la lumière la tradition académique belge de la peinture décorative du XIXe siècle, avec des œuvres intrigantes de peintres peu connus tels que Jean Robie, Hubert Bellis, Frans Mortelmans et Henri De Braekeleer, ainsi que des artistes féminines oubliées comme Berthe Art et Alice Ronner. Il n’est pas étonnant que ce soient souvent des femmes qui, au XIXe siècle, ont exprimé leur amour des fleurs à travers la nature morte florale. Leur admiration pour les fleurs et la nature était déjà présente dans l’artisanat – les fleurs brodées – et elles ont donc essayé de l’exprimer de manière très conventionnelle. Avec l’innovation dans la peinture, ce sont elles qui ont exprimé leur amour des fleurs, leur sens de l’arrangement floral et les couleurs dans un language nouveau. Pour les peintres masculins, peindre des fleurs était initialement un moyen d’exprimer la couleur et les nuances, mais la nature morte florale exprimait aussi souvent la personnalité ou l’humeur des peintres. Les peintres ont souvent commencé à utiliser les fleurs comme étude de la couleur, des tons ou des formes, mais en peignant, cela devenait souvent une expression de passion, de désir, de tristesse, de joie ou de rêve.

Peintures immortalisant des arrangements floraux éphémères

Les natures mortes avaient souvent pour fonction de décorer et d’embellir les intérieurs des bourgeois aisés. Souvent, des créations florales étaient déjà présentes comme pièces maîtresses dans les demeures. Les peintures ont réussi à immortaliser l’éphémère.

Une richesse de variétés

Il est très intéressant de découvrir dans les peintures combien de variétés de fleurs étaient déjà connues. Les natures mortes florales sont un palmarès de variétés de fleurs nationales et étrangères. Alors que l’exotisme introduisait des fleurs exotiques particulières, le japonisme promouvait le principe du « minimalisme » : la pure simplicité d’une seule branche de fleur. Certains peintres aiment les combinaisons colorées de fleurs, tandis que d’autres préfèrent simplement des roses dans des tons rouges et roses ou un bouquet fleuris de fleurs blanche. Ceci est une belle illustration que les créations florales ont toujours été une expression très personnelle et de goût individuel.

Une nouvelle interprétation

Au début du XXe siècle, des artistes tels que Louis Thevenet ont développé la nature morte de manière traditionnelle, tandis que des innovateurs tels que le dernier James Ensor, Léon Spilliaert, Marthe Donas, Walter Vaes et Gustave Van de Woestyne ont réalisé des interprétations très personnelles.

La tradition des natures mortes s’est terminée avec des artistes comme Jean Brusselmans et René Magritte, qui ont déconstruit l’espace pictural du « théâtre des choses ».

Pratique

L’exposition « Rose, Rose, Rose à mes yeux. James Ensor et la nature morte en Belgique de 1830 à 1930 » est encore ouverte jusqu’au 14/04/2024 au Mu.ZEE à Ostende. Plongez simplement dans les natures mortes florales et plongez dans la richesse florale des siècles passés.