World Cup Floral Art – Participant – Christopher Ernst

Juin 19, 2025

Créateur - Fleuriste:
Christopher Ernst

Christopher Ernst : « Mon style est mythique, spirituel et extravagant »

Ce qui caractérise le style de Christopher Ernst, c’est l’utilisation de matériaux naturels et de matières qui ne sont pas typiques de l’art floral, comme des plumes, des peaux ou des bois de cervidés. Son ambition est de réunir la beauté de la flore et de la faune dans ses créations. Des matériaux artificiels peuvent également jouer un rôle dans ce processus, notamment pour souligner le contraste avec le naturel. Christopher qualifie lui-même son style de mythique, spirituel et extravagant.

 

Le choix d’une profession créative
Christopher Ernst grandit dans un environnement rural et nourrit dès son plus jeune âge un amour profond pour la nature. Il s’oriente vers l’art floral parce qu’il souhaite exercer une activité créative. Après son apprentissage chez Casa Flora à Weißensee, il obtient en 2008 son titre de maître en Art Floral à l’Institut de fleuristerie de Dresde. Fort de quelques années d’expérience dans une entreprise spécialisée dans la décoration événementielle de grande envergure, il décide de devenir fleuriste indépendant. Il ouvre sa boutique Creativ dans la petite ville de Kindelbrück, en Thuringe. Sa passion réside dans la conception de Gartenschaus et d’événements comme des mariages et des fêtes d’entreprise, des projets qui l’ont séduit dès le début de sa carrière. En 2011, il ouvre une seconde boutique à Sömmerda. Aujourd’hui, son équipe compte sept collaborateurs permanents, et il fait appel à des freelances pour les grosses commandes.

Du titre de Landesmeister de Thuringe à Deutscher Meister der Floristen
Nous suivons Christopher Ernst depuis sa participation aux Championnat d’Allemagne des fleuristes à Berlin en 2012. En tant que Landesmeister de Thuringe — un titre qu’il remporte en 2010 et en 2012 — il a l’opportunité de participer au championnat national. Christopher aime particulièrement les concours : « C’est incroyablement excitant de participer à des compétitions, de me mesurer à d’autres fleuristes et de voir où j’en suis moi-même. Avec le temps, on évolue et ces concours permettent de suivre et de montrer cette évolution. »

En 2021, il décroche pour la troisième fois le titre de Landesmeister de Hesse-Thuringe. Le titre de Deutscher Meister lui échappe plusieurs fois, mais en 2022, il remporte finalement l’or au Championnat national et devient Deutscher Meister der Floristen. Ce titre lui ouvre les portes de la World Cup Floral Art à La Haye.

World Cup Floral Art, un rêve devenu réalité
Participer à la World Cup Floral Art est un rêve que Christopher poursuit depuis toujours :

« C’est l’événement le plus important dans le monde floral. Quand on aime la compétition, la World Cup est incontournable. »

Mais qu’attendre d’une telle compétition lorsqu’on est déjà maître en Allemagne et que le travail ne manque pas ?

« Je ne participe pas à ce concours pour faire avancer ma carrière. En Allemagne, je suis déjà suffisamment connu. Peut-être que cela m’apportera quelque chose sur le plan international ? Mais avant tout, je le fais pour réaliser un rêve. Ce qu’il en ressortira, personne ne peut le dire. Ce sont tous des fleuristes incroyables. Personne ne sait à l’avance comment cela se passera. Pour moi, c’est avant tout une occasion d’apprendre énormément et de tisser des liens d’amitié pour la vie. »

Avant même de savoir s’il serait officiellement sélectionné, il commence à se préparer :

« Je suis quelqu’un qui aime se préparer de façon très méthodique. J’avais déjà contacté mes premiers sponsors avant même de savoir si je pourrais participer. C’est passionnant de se lancer dans une telle aventure. Il faut s’entraîner aux techniques, tester des matériaux nouveaux. Et surtout dessiner, beaucoup dessiner… c’est toujours la première étape vers une création. Je suis satisfait de mes réalisations en phase de préparation. Reste à voir ce que donnera le résultat final. »

Mystique, spirituel et extravagant
« En étant curieux et en observant bien, on peut énormément apprendre. Lors de mes études, je me suis passionné pour l’art, et notamment l’art contemporain. Les artistes sont pour moi des modèles par leur manière de regarder le monde et de l’interpréter. Porter un regard attentif et s’intéresser à ce qui nous entoure nourrit la créativité. »

 

Pour Christopher, il est essentiel de capturer dans son travail la beauté de la nature, qu’elle soit végétale ou animale :

« La faune est aussi belle que la flore. La différence, c’est que lorsqu’un animal meurt, il laisse derrière lui des éléments : des plumes, des bois, des ailes, des peaux… C’est magnifique de redonner vie à ces vestiges dans une composition florale. »

 

Peut-on s’attendre à retrouver ces éléments à la World Cup ?

« Vous en verrez certainement dans mes créations. Mon style est mythique, spirituel et extravagant. Les éléments issus du monde animal s’y intègrent parfaitement. J’aime aussi beaucoup travailler des couleurs sombres. Pour la World Cup, j’ai réuni des matériaux très particuliers, extravagants, qu’on n’a encore jamais vus dans l’art floral. J’ai aussi approfondi de nombreuses techniques et testé énormément de matières. J’ai fait beaucoup de recherches sur internet, échangé avec des collègues, brainstormé avec mon équipe… Les idées viennent de multiples directions et j’ai tout rassemblé. »

Il puise aussi son inspiration également dans sa sphère familiale :

« Ma fille me montre souvent des choses surprenantes qu’elle découvre sur Pinterest ou Youtube. Et mon épouse, également excellente fleuriste, m’aide à développer de nouvelles idées. »

Ses matériaux de prédilection
Quelle est la fleur qui te ressemble et celle qui ne te correspond pas du tout ?

« J’aime les exotiques comme l’Heliconia, car elles conviennent à mon style. Les chrysanthèmes, en revanche, ne me séduisent pas vraiment. Bien sûr, je les travaille, mais d’un point de vue stylistique, ils n’apportent pas grand-chose pour moi. »

Un modèle dans le métier
As-tu un modèle en art floral ?

« J’ai toujours eu beaucoup de respect pour Gregor Lersch, car il est toujours resté fidèle à son style. Il a su créer une signature qui n’existait pas avant lui. J’admire le fait qu’on puisse reconnaître une de ses œuvres sans même voir son nom. »

Durabilité
Est-ce un sujet important pour toi ?

« Ici, en milieu rural, la durabilité a toujours été une évidence. Nous produisons nos fruits et légumes pour une consommation locale. Par contre, nous n’avons pas de fleurs ; elles viennent principalement des Pays-Bas. Je commande en ligne et elles sont livrées ici. »

Les épreuves de la World Cup
Parmi toutes les épreuves, laquelle te semble la plus difficile ?

« Le bouquet est sans doute la plus difficile pour moi. D’habitude, je pars du matériau, d’une fleur coup de cœur qui m’inspire la forme. Ici, c’est l’inverse : on nous impose une forme sans savoir quels matériaux seront disponibles. C’est ce qui m’inquiète le plus actuellement.
Je suis surtout impatient de découvrir le résultat final de mes créations. Quand on passe autant de temps à les concevoir et qu’on les prépare minutieusement, on a hâte de les voir abouties. Que ce soit le bijou de tête ou l’œuvre maritime inspirée de la mer du Nord et des dunes — j’ai vraiment hâte de les voir terminées. »

Vas-tu tester toutes les épreuves à taille réelle ?
« Je ne suis pas du genre à répéter dix fois les mêmes pièces. Je travaille plutôt de manière spontanée. J’ai une vision très claire de ce à quoi elles ressembleront et comment je vais les réaliser. Bien sûr, j’ai testé certains éléments et techniques, mais je ne finalise pas tout à l’avance. Et je n’essaye pas de reproduire les techniques qui ont été primées aux concours précédents. J’ai longuement réfléchi et décidé de rester fidèle à moi-même. Je veux pouvoir dire après coup : c’était vraiment moi, et non pas une création calculée. Je suis aussi très curieux de découvrir ce que les autres vont présenter. »

Son équipe
Prépares-tu tout seul ou as-tu une équipe ?

« J’ai laissé une partie de mon équipe s’occuper de la boutique et des événements pour me libérer du temps. Mon épouse me soutient pleinement et j’ai également quelques assistants et amis fleuristes qui m’aident. Pendant la World Cup, Kathrin Göllner, une très bonne amie et membre de l’association professionnelle comme moi, sera mon assistante. »

L’association professionnelle
Quelle importance a l’association pour toi ?

« Je trouve que c’est une institution capitale dans notre profession. Je ne comprends pas que certains collègues ne partagent pas cet avis. Une fédération forte peut nous soutenir dans les négociations nationales et auprès du monde politique. Elle renforce notre communauté. Elle a déjà accompli énormément, même si ce n’est pas toujours visible : conventions collectives, temps de travail, horaires d’ouverture, TVA… Sans elle, nous n’aurions pas de taux réduit sur les fleurs, et ce n’est qu’un exemple. Elle fait aussi beaucoup pour les jeunes et organise les concours, qui n’existeraient pas sans elle. »

L’avenir du métier
Avez-vous beaucoup de jeunes fleuristes dans votre région ?

« Dans notre région — l’ex-Allemagne de l’Est, les nouveaux Länder — la situation est critique. Le contexte économique est difficile. Les ventes en boutique chutent et beaucoup de magasins ferment. Les jardineries et les grandes surfaces de bricolage nous ont pris le marché des plantes. Quand j’ai démarré, je vendais encore beaucoup de plantes d’extérieur et d’intérieur. Aujourd’hui, je ne vends quasiment plus que des fleurs coupées, un marché bien plus exigeant en main-d’œuvre et considéré ici comme un produit de luxe. Et les gens n’ont pas encore conscience que les fleurs sont un luxe abordable. On aurait besoin de campagnes d’image efficaces. »

Penses-tu que la World Cup pourrait changer cela ?

« Oui, absolument. À chaque concours, les fleurs sont mises en lumière, et cela reste essentiel pour notre branche. »

Comment motives-tu les jeunes à choisir ce métier ?

« Je leur dis toujours que c’est l’un des plus beaux métiers qui soit. Nous accompagnons les gens tout au long de leur vie, de la naissance à la mort. À chaque instant fort et émotionnel, il y a une fleur : naissance, visite à l’hôpital, première communion, mariage, funérailles… Peu de métiers offrent cette présence constante. Et puis, nous travaillons avec ce que la nature a de plus beau à offrir. Cela vaut vraiment la peine d’être fleuriste, humainement et émotionnellement. Transformer les émotions et en susciter chez les autres est ce qu’il y a de plus beau dans notre métier. Voir les gens pleurer ou sourire en recevant des fleurs… c’est d’une force émotionnelle incroyable. »

Merci, Christopher, pour cet entretien passionnant. Nous avons hâte de découvrir tes créations lors de la World Cup et te souhaitons d’ores et déjà beaucoup de succès !