World Cup Floral Art – Participant- Inoue Hiroto

Mai 21, 2025

Créateur - Fleuriste:
Inoue Hiroto

Inoue Hiroto : « Créer des compositions florales, c’est amusant, et j’aimerais partager cela avec tous ceux qui aiment les fleurs. »

 

Revenons un instant en 2021, l’année où Hiroto Inoue publie un livre chez Stichting Kunstboek en Belgique. C’est une occasion unique de réaliser une interview avec lui. Je me souviens encore parfaitement de sa réponse spontanée lorsque je lui ai demandé pourquoi il avait décidé de publier un livre : « Créer des compositions florales, c’est amusant, et j’aimerais partager cela avec tous ceux qui aiment les fleurs. »

Ces mots donnent déjà un aperçu de sa personnalité hors du commun de cet artiste. Aujourd’hui, nous lui demandons de se présenter, et sa réponse, pour le moins surprenante, est : « Je ne me connais même pas moi-même. Je suis quelqu’un de paresseux. »

 

De l’ingénierie à l’art floral

Hiroto Inoue a étudié l’ingénierie et a travaillé pendant une dizaine d’années dans une entreprise de construction avant de changer de carrière. Le week-end, il s’adonnait à l’art floral, une pratique courante au Japon où il est fréquent d’exercer un emploi supplémentaire durant le week-end.

Ce qui l’a attiré dans cette discipline, c’est la diversité des fleurs et des plantes, ainsi que les innombrables combinaisons possibles qui lui permettaient d’exprimer pleinement sa personnalité. « En plus, je préférais travailler seul. Dans le secteur de la construction, la collaboration avec de nombreuses personnes est inévitable, alors qu’en tant que fleuriste, on peut souvent travailler de manière indépendante. »

Ainsi, il a pris la décision de faire de l’art floral son métier. Cependant, il a conservé de son passé d’ingénieur une aptitude précieuse : la capacité à penser en trois dimensions lorsqu’il s’agit de conception. Aujourd’hui, il consacre l’essentiel de son temps à la création florale commerciale, notamment les décorations de mariage et les cadeaux, ainsi qu’à l’enseignement.

La publication de son livre lui a offert l’occasion de dévoiler une facette plus intime de lui-même. On y découvre des œuvres fascinantes, des créations techniquement sophistiquées ! C’est une belle opportunité d’explorer l’univers singulier de Hiroto Inoue.

Que signifie une vie entourée de fleurs pour vous ?

HI : Si vous me demandez où se porte mon intérêt principal, c’est sans aucun doute vers les fleurs. Au Japon, les fleurs et les plantes font partie du quotidien et sont très faciles à acheter. – Je ne sais pas comment cela se passe chez vous ? – Elles sont devenues mon moyen de subsistance, mais elles sont surtout une source infinie de créativité. Les fleurs apportent des sourires et enrichissent le cœur des gens. Je suis convaincu qu’elles sont un don divin, un cadeau qui procure une joie instantanée à celui qui reçoit un bouquet.

Que souhaitez-vous exprimer à travers vos créations florales ?

HI : Les fleurs possèdent une beauté intrinsèque, même lorsqu’elles commencent à se faner. Elles s’épanouissent pleinement, comme si elles souhaitaient profiter de la vie tant qu’elles respirent. En tant qu’artiste floraal, je pense que notre mission est de mettre en lumière leur beauté éphémère et de concevoir des arrangements qui les subliment encore davantage.

Avez-vous une boutique de fleurs ou un atelier floral ?

HI : J’avais une boutique de fleurs, mais au Japon, nous n’avons pas vraiment l’habitude, comme en Europe, de décorer nos maisons avec des fleurs et d’en acheter pour nous-mêmes. Je voulais toujours proposer des fleurs fraîches, mais ce n’était pas si évident. Aujourd’hui, je travaille depuis mon atelier, où je me consacre principalement à la décoration et aux événements, et je collabore avec des entreprises et des boutiques qui offrent des fleurs en cadeau.

Vous enseignez l’art floral. Que souhaitez-vous transmettre à vos étudiants ?

HI : J’enseigne dans une école professionnelle où je forme des étudiants à devenir fleuristes, mais aussi dans une école culturelle pour les amateurs. Je pense qu’il est essentiel que les étudiants étudient le caractère des différentes fleurs et plantes afin de les intégrer harmonieusement dans leurs créations, un peu comme lorsqu’on assemble un puzzle où chaque pièce doit trouver sa place.

Je veux leur apprendre à avoir un œil aiguisé pour les détails et à travailler avec précision et respect envers les plantes. Malheureusement, le nombre d’étudiants en art floral a considérablement diminué au Japon en raison de la récession économique. En participant aux championnats du monde, j’espère pouvoir enseigner dans d’autres pays… Sinon, je devrai rester un fleuriste paresseux au Japon !

Avez-vous une préférence pour certains matériaux et types de fleurs ?

HI : J’utilise souvent des matériaux japonais comme le KOYORI (une sorte de corde en papier) et le WASHI (un papier typiquement japonais), mais en réalité, je n’ai pas de préférence particulière pour les matériaux. Ce qui m’importe avant tout, c’est de mettre en valeur les différentes textures des plantes.

Je trouve également essentiel de choisir des fleurs qui s’accordent bien avec le vase ou le contenant. Les fleurs aux formes marquées m’intéressent davantage que les fleurs rondes, car elles occupent plus d’espace et ont un impact visuel plus fort.

J’attends aussi avec impatience de travailler avec la nouvelle mousse florale durable OASIS RENEWAL. Ce produit n’est pas encore disponible au Japon, et j’ai hâte de le découvrir et d’expérimenter.

Quelle est votre principale source d’inspiration ?

HI : Je pense que l’inspiration est propre à chaque personnalité. Mes créations sont influencées par ce que je vois dans mon quotidien, et peut-être aussi par l’Ikebana. J’aime concevoir des designs nouveaux, que je n’ai jamais vus auparavant, ou jouer avec des formes « instables ». Une fois que je trouve quelque chose de stimulant, je pousse mes recherches plus loin pour identifier la manière la plus intéressante de le présenter : autrement dit, transformer des éléments de ma vie quotidienne qui éveillent ma curiosité en quelque chose de fascinant.

Que représentent les compétitions pour vous ?

HI : Les concours sont des lieux où l’on découvre un design vivant et actuel. Pour moi, participer à des compétitions est un défi passionnant. Cela me permet de progresser et d’affiner mes compétences. Si l’on considère que notre plus grand rival est nous-même, alors on peut se challenger au quotidien !

Lorsque j’ai appris que je pouvais participer à la Coupe du Monde, j’ai été très nerveux. Je dois même prendre un comprimé chaque jour pour réussir à dormir, tant l’excitation est grande. J’adore l’idée que cette compétition me permettra de voyager en Europe et de découvrir les bases du design floral européen. Je suis aussi enthousiaste à l’idée d’observer le travail de nombreux fleuristes européens. Bien sûr, je suis honoré de vivre cette expérience unique et de pouvoir concourir à un événement européen. La seule contrainte ? Un très long vol !

Au Japon, il y a un profond respect pour les fleurs et les plantes. Cela influence-t-il votre manière de concevoir vos créations ?

HI : Les normes de qualité pour les fleurs japonaises sont très strictes, et je suis certain que l’on y trouve des fleurs d’une qualité exceptionnelle. Pourtant, elles ne correspondent pas toujours à ce que je recherche. Pour moi, les fleurs doivent être uniques. Parfois, elles ne sont pas parfaitement droites, parfois je cherche quelque chose qui semble totalement naturel. Cette rareté fait que je ne peux pas toujours les trouver sur le marché. Pour des occasions spéciales, je me rends chez des producteurs à la recherche de ces fleurs uniques.

Notre culture est empreinte de sérénité. Dans l’Ikebana, on n’utilise que quelques fleurs. J’aime le contraste entre cette tranquillité et une subtile dynamique. Lorsque j’imagine une création, je pars souvent d’une idée naissante ou d’une inspiration, puis j’affine progressivement mon concept. Dans mon cas, ce processus se manifeste surtout dans la conception et la mise en forme.

Quel est votre objectif ?

HI : Tant que je vivrai, je souhaite travailler avec des fleurs. Je suis convaincu que, avec le temps, nous pouvons faire évoluer l’Ikebana. Mon ambition est de créer autant d’arrangements floraux que possible, et ce serait extraordinaire si je pouvais continuer à le faire avec une grande satisfaction. Et si ce n’est pas le cas, alors je confierai cette mission à la prochaine génération !

Quel est votre rêve dans l’univers floral ?

HI : J’aimerais que de nombreuses personnes puissent découvrir mes œuvres et mon style particulier. C’est pourquoi je suis heureux de participer à la Coupe du Monde. J’adorerais aussi publier un deuxième livre et organiser un séminaire pour partager ma propre vision du floral design avec les participants, ainsi que le plaisir que j’éprouve en créant.

Et en dehors du monde des fleurs ?

HI : Mon rêve ultime est un monde en paix !