De la fleur impériale à la fleur de cimetière

En Asie, les chrysanthèmes sont vénérés depuis des siècles. Il existe même une ville en Chine portant leur nom. Dès les années 1500-1400 avant J.-C., ils y étaient déjà cultivés comme plante médicinale à floraison. Considérés comme sacrés, ils étaient réservés aux nobles, seuls autorisés à les faire pousser dans leurs jardins.

On retrouve ainsi le chrysanthème peint sur les plus belles porcelaines chinoises, dans un style asiatique raffiné. En Chine, il est généralement symbole de noblesse.

Au VIIIe siècle, le chrysanthème est introduit au Japon, où l’empereur en fait rapidement un symbole national. Il inspire également le sceau impérial, représenté par une fleur unique à seize pétales. Symbole impérial, il est également considérée comme porteur de longévité et de bonheur. Chaque année, les Japonais célèbrent d’ailleurs le Festival du Bonheur, en l’honneur du chrysanthème.

En Europe, c’est Jacob Breynius qui en donne la première description en 1689. La fleur gagne en notoriété grâce au médecin et botaniste suédois Carl von Linné (Linnaeus), qui lui donne son nom. En grec, « chrysos » signifie « doré » et « anthemon » signifie « fleur » : ensemble, « fleur d’or », en référence à sa couleur d’origine.

Dans nos régions, le chrysanthème est fortement associée au deuil. C’est la fleur qui fleurit les cimetières lors de la Toussaint. Cette tradition remonte à la Première Guerre mondiale. En 1918, lors de l’armistice, le Premier ministre Clémenceau aurait invité les Français à « faire fleurir » les tombes des soldats tombés au front. À cette époque de l’année, peu de fleurs sont disponibles : le chrysanthème, en pleine floraison à l’automne, s’impose naturellement. Depuis, il est devenu un symbole incontournable de la Toussaint.

Mais si cette fonction est noble, elle a aussi donné au chrysanthème une image un peu dépassée… À tort !

Un univers spectaculaire de formes et de couleurs

Aujourd’hui, le monde du chrysanthème connaît une évolution spectaculaire. Il existe plus de 300 variétés, avec une telle diversité de formes et de couleurs que même les consommateurs — et parfois les fleuristes eux-mêmes — ne reconnaissent plus le chrysanthème 😄 !

On distinque trois grandes catégories:

  • Le chrysanthème en grappes, où les fleurs latérales sont favorisées ;
  • Le chrysanthème à fleur unique où toutes les fleurs sauf la principale sont supprimées, pour concentrer l’énergie sur une fleur unique, souvent spectaculaire ;
  • Les Santinis, des mini-chrysanthèmes dont les fleurs mesurent moins de 4 cm, rappelant les pâquerettes.

Le chrysanthème se décline en une incroyable variété : formes anémones, pompons, araignées, cuillères, simples, décoratives… Et une palette de couleurs allant du blanc au jaune, vert, violet, rouge, orange, crème, rose, bronze, jusqu’aux combinaisons bicolores. Les tailles de fleurs varient de 1 à 14 cm.

Une fleur de printemps – démo de Cathy Devaud – Fleur Assistance à Rungis

Début avril, nous étions chez Fleur Assistance à Rungis, en compagnie de Marie Legendre (Concept Factory) et de la fleuriste Cathy Devaud. Elles y ont présenté une démonstration inspirante pour Just Chrysanthemum, une initiative de la fondation néerlandaise Chryson. JustChrys représente environ 100 producteurs néerlandais de chrysanthèmes fleurs coupés et 5 obtenteurs. Ensemble, ils cultivent plus de 1,13 milliard de tiges par an sur environ 500 hectares !

Marie croit fermement au potentiel du chrysanthème, et pour Cathy (formatrice et co-organisatrice de l’événement ‘Le Printemps Palladien’), c’est tout simplement l’une de ses fleurs préférées.

Nous leur avons donné la parole dans un podcast que vous pouvez découvrir ici !

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photos @Aurélien Lacroix